Nous, le Feministisches Bündnis 8.März Halle, nous réjouissons de vous voir ici, de pouvoir porter ensemble nos revendications dans les rues en ce 8 mars 2022, d‘être entendu.e.s et d’être solidaire les un.e.s avec les autres.
Le 8 mars n’est pas pour nous un jour de fête, pas un jour ferié, c’est un jour de lutte féministe, et il a lieu cette année sous le thème : „Le féminisme est bon pour toustes“. Si le féminisme ne se préoccupe pas des droits et des intérêts de toutes les personnes, inclu.e.s les Musulman.e.s, les travailleur.euse.s du sexe, les personnes racisées, migrantes, en situation de handicap, trans, inter, asexuelles, non-binaires, alors ce féminisme n’est simplement pas du féminisme. Quand on en vient à l’égalité, les femmes cis blanches ne sont pas les seules qui expérimentent le sexisme structurel. Les intersections des discriminations et des positions sociales, comme la classe, l’âge, l’origine, ou la religion, doivent aussi être prises en considération. Les discriminations multiples ne doivent pas seulement être reconnues, les besoins des personnes qui les expérimentent doivent aussi être considérés.
Pour cela, nous avons besoin d’actions et de débats féministes critiques avec un contenu actuel anti-raciste, anti-patriarcal et empouvoirant.
La discrimination est présente pour beaucoup d’entre nous dans notre quotidien. Dans le même temps, nous avons des expériences différentes avec les discriminations et nous vivons des formes diverses de violence. Nous avons des corps et des histoires de vie variées. Ce qui nous lie est la lutte contre les structures qui nous privent de liberté, qui nous font souffrir, qui nous soumettent, nous exploitent et nous dictent un mode de vie.
Il faut repenser de façon structurelle notre société, pour qu’elle puisse être solidaire et égalitaire. Nous ne voulons pas d’une division marquée entre femmes et hommes, mais plutôt une reconnaissance de la justice de genre pour toustes. Nous voulons l’auto-détermination !
Pour nos corps, pour nos modes de vie. Nous luttons pour une libération de tous les genres et pour les personnes qui rejettent les catégories de genre.
Nous voulons que toutes les personnes aient les mêmes possibilités d’accès au logement, au travail, à l’éducation, à la politique, à la santé et à des structures de soutien. Tout d’abord, le système de santé doit se défaire de la recherche du profit et de la stigmatisation des personnes marginalisées.
Nous demandons ainsi un meilleur soin des personnes trans, inter et non-binaires, un meilleur accès aux psychothérapies prises en charge par la sécurité sociale, pour que ce ne soit plus un privilège des personnes riches. Les personnes qui veulent avoir des enfants, mais aussi celles qui sont sûres de ne pas en vouloir, ont besoin de soins globaux qualitatifs et de la liberté de choix.
Le système dans lequel nous vivons est fondé sur l’exploitation de la force de travail. Nous souhaitons repenser la valeur du travail et des conditions de travail. Le travail de care, en tant qu’élément essentiel de notre société, doit également être considéré, reconnu et soutenu par la politique et l’économie. Les structures capitalistes exploitent les personnes et l’environnement. Cela ne peut plus continuer et nous devons avoir la volonté de nous opposer conséquemment à ces conditions et développements. Les structures de pouvoir patriarcales sont certes davantage questionnées aujourd’hui, mais elles continuent cependant d’exister partout, même au sein de nos propres rangs. Nous devons nous demander pourquoi, en dépit de notre sensibilisation, de notre participation, de notre recherche du consentement et de l’acceptation, ces hiérarchies continuent d’être reproduites.
Je voudrais conclure en lisant un court texte d’une militante, traduit de l’anglais : En tant qu’allié.e, une des meilleures manières d’empouvoirer les autres est d’écouter, de croire, de réfléchir, de rechercher, et de soutenir. Si je n’avais jamais eu à réfléchir à ce que l’on me raconte, c’est un privilège. Mes privilèges m’aveuglent et m’empêchent de comprendre les oppressions des individus et leur réalité. Ainsi, j’écouterai sans interrompre, je prendrai le temps de réfléchir, de faire mes recherches pour mieux comprendre et soutenir les autres, d’être critique et de faire des changements dans ma vie quotidienne, dans les institutions avec lesquelles je travaille, et dans moi-même. Je ne vais pas rester sans agir et accepter la façon dont notre société oppresse certain.e.s et bénéficie aux autres. Je veux que nous nous battions pour un futur plus égalitaire, et pour nous sentir fort.e.s de le faire. Et si cela signifie que je dois abandonner certains de mes privilèges, alors c’est simplement ce que je ferai.
Etant donnée la situation actuelle, nous voudrions nous exprimer à propos de la guerre en Ukraine en tant qu’alliance.
Nous étions au milieu de notre préparation du 8 Mars quand Poutine et le régime du Kremlin ont soudainement et brutalement commencé à attaquer militairement l’Ukraine, dans la nuit du 23 au 24 février.
Nous solidarisons avec le peuple ukrainien et toutes les personnes partout dans le monde – et pas seulement en Europe – qui doivent fuir et qui sont exposées à une guerre avec des armes lourdes. Dans les derniers jours, il y a eu surtout des innombrables actions civiles pour aider les personnes en Ukraine. Ce n’est cependant pas le devoir civil de garantir des services d’aide humanitaire.
La simultanéité d’un appel à la solidarité et à la paix et d’un gigantesque investissement financier de 100 milliards d’euros du régime allemand pour l’armée ne nous semble pas cohérente.
Nous sommes contre le militarisme patriarcal et nous voulons une politique extérieure qui se concentre sur la sécurité des personnes et sur les droits humains.
Le féminisme est bon pour toustes, détruisons le patriarcat (smash patriarchy)!